Notre recherche fait suite à une demande (2019) de collaboration de l'équipe éducative d'un établissement d'un quartier vauclusien dit « sensible ». Malgré un bon climat scolaire, une désaffection croissante par les élèves et leur famille des projets d'éducation artistique et culturelle (PEAC) était constatée. L'équipe éducative souhaitait coopérer avec les parents pour que les « cultures ne s'opposent pas mais s'enrichissent afin de lever certains freins dans les apprentissages ».

Notre hypothèse - l'inclusion et la prise en compte des références culturelles des parents dans la construction des projets artistiques et culturels, peut développer leur implication et faciliter leur rapport à l'école (Akkari, 2009 ; Joseph & Southcott, 2011), situe notre étude dans une perspective de coéducation permettant d'accompagner les enseignants et de comprendre la dialectique école/famille/territoire.

Notre cadre théorique inclut les approches interculturelles en éducation (Tapernoux, 1997, Akkari et Radhouane, 2019, Abdallah-Pretceille, 2008...), les PEAC, les élèves à besoins éducatifs particuliers et EANA ainsi que l'approche vygotskienne (Vygotski, 1933/2012 ; Montandon, 2016, Nonnon, 1987).

Dans un premier temps, nous avons réalisé une étude du contexte socio-culturel de l'école.

Nous avons ensuite suivi un projet danse dans deux classes de CE1 mais ce projet s'est arrêté en mars 2020 à cause de la crise sanitaire.

Nous avons instauré une approche qualitative de type ethnosociologique et avons, outre la mise en place d'observations et l'analyse de littérature de terrain, mené 41 entretiens semi-directifs auprès de la direction, des enseignants, des élèves, des parents et de la responsable du centre social.

Les analyses effectuées ont permis de mettre en lumière les freins et les leviers de réussite des projets proposés par l'école. Les freins concernent essentiellement les représentations de l'équipe pédagogique et des familles sur la place des PEAC et des apprentissages fondamentaux ainsi que le statut de l'enfant alors que les leviers sont liés à un enthousiasme des élèves et de leurs parents sur les projets de l'établissement, l'implication de l'équipe éducative et de la collaboration avec les chercheurs. Ces constats et la réflexion qui a suivi nous ont amenés à proposer une démarche de co-construction avec les élèves et leurs parents des futurs PEAC, une meilleure communication de l'équipe pédagogique sur ces projets, notamment autour des liens entre ces activités et les compétences scolaires. Notre étude met également en lumière la nécessité d'une approche systémique des incompréhensions d'ordre culturel et une formation accrue des (futurs) enseignants à l'interculturalité.